• C'EST ABSOLUMENT SCANDALEUX !!!


    (NICE/ANTIBES)

    Pas encore SDF. Pas encore... mais pas loin.

    L'administration, qui adore les sigles, les désigne sous le nom de SDS : « sans domicile stable ».

    La nuance est subtile.

    Ces personnes ne sont pas à la rue au sens strict du terme. Elles sont hébergées « temporairement » chez des amis, dans la famille, dans des structures d'urgence ou... dans leurs voitures.

    « Ce sont souvent des travailleurs pauvres », explique Daniel Meffret, directeur du Centre communal d'action sociale (CCAS). « Des gens qui ne gagnent pas assez pour se payer un loyer. »

    Combien sont-ils ? Difficile de le savoir. L'association Chrétiens Antibes Solidarité (CAS), implantée depuis vingt ans, évalue leur nombre à « environ une dizaine » sur le bassin antibois.

    Des passants les signalent régulièrement : sur le parking Laval, au Ponteil, aux Semboules...

    Hommes et femmes. De tous âges.

    « Sur l'échelle des priorités sociales, on considère que les personnes qui dorment dans leur véhicule sont moins mal loties que celles qui n'ont rien » souligne Christian Chauvel, fondateur de CAS. « Mais on sait aussi que les premières rejoignent souvent les secondes. Très souvent... »

    Des structures d'aides, institutionnelles ou associatives, existent (1). Encore faut-il que les intéressés saisissent ces mains tendues. « Ce sont souvent des personnes en rupture qui ont renoncé à se battre... ou qui n'en ont plus la force » conclut Christian Chauvel. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne méritent pas d'être aidés.

     

    Le témoignage d'André pour qui "TOUT LE MONDE S'EN FICHE"


    Les gens qui dorment dehors, ça fait pleurer les gens à la télé. Mais nous... on nous voit pas. On est comme ces maladies orphelines : vu qu'on n'est pas nombreux, tout le monde s'en fiche ! »

     André baisse la tête. Colère plombée par une overdose de lassitude. D'un geste las, il ferme la sacoche où dort toute sa vie : des papiers, des reçus, des lettres adressées à l'administration, des ordonnances.

     « ça sert à quoi, de toute façon... »

     La voix se perd dans un souffle.

     À 57 ans, il y a longtemps qu'André ne croit plus en rien. Longtemps qu'il est convaincu que la Terre entière lui en veut.

     Pendant des années, pourtant, il a vécu normalement.

     Avec un toit sur la tête et des murs pour le protéger du froid.

     « Je travaillais à Grasse. Et puis un jour, je suis tombé malade. J'étais en dépression et, en plus, j'avais du diabète. En 1991, j'ai commencé à cumuler les arrêts. Dans le boulot, ça ne plaisait pas, évidemment... Ils ont bloqué ma progression de carrière. Ils m'ont mis à la retraite d'office pour invalidité. Avec 851 euros de pension par mois. Comment vous voulez vivre avec ça ? »

     C'était en 2002. Le début de la galère.

     « Je n'avais plus les moyens de payer mon loyer. On m'a mis dehors. Je me suis retrouvé au camping dans une caravane. ça me coûtait quand même 300 euros par mois. Mais j'avais une douche, des toilettes, une adresse... Je pouvais donner le change. »

     Trouver un nouvel emploi ? André croise ses mains sur ses genoux : « Je n'ai plus la force. Si je n'étais pas pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, je serais déjà mort ! »

     A-t-il sollicité des aides ? Il s'énerve : « Dix fois, vingt fois ! Ils vous donnent des tas de documents à remplir et démerdez-vous ! Moi, je n'ai pas fait des études d'ingénieur... mais j'ai ma dignité. Je ne veux pas la charité. »

     « Chassé » du camping, il dort depuis six mois dans une vieille 205 blanche. Parfois à la Valmasque, parfois sur le parking Lacan. « Au moins, cette bagnole, c'est encore chez moi. Même si c'est pas chauffé... Mais il commence à faire froid. Et je suis malade... »

     On lui parle de l'accueil de nuit du Fort-Carré. Il serre les dents en secouant la tête : « Si je vais là-bas, ça voudra dire que je suis devenu un clochard. Dites, monsieur... vous croyez que je vais finir comme ça ? » 


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  • Commentaires

    1
    jeanfred
    Vendredi 20 Novembre 2009 à 16:08
    combien sont ils dans le cas d'André? alors oui il y a scandale mais est ce que cela sert à quelque chose de se battre. Les murs sont tellement hauts!!
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